samedi 26 décembre 2009

How do you sleep at night? (Lennon)




L'intérêt d'une relative longévité est qu'elle nous permet de découvrir le vrai visage de nos contemporains mais, plus particulièrement, celui de ceux avec qui nous partageons une fraternité de coeur... Or je ne cesse de m'étonner de la duplicité de ceux à l'égard de qui nous ressentions une affection personnelle ainsi qu'une admiration professionnelle...ceux envers qui nous croyions éprouver une communauté d'esprit: solidarité humaine, affinité intellectuelle, bref ce qui fit écrire à Montaigne eu égard à son amitié irréductible pour La Boétie: "(...) parce que c'était lui par ce que c'était moi." Et à Rutebeuf cette d'ores et déjà consacrée complainte: «Que sont mes amis devenus...» Et moi de répondre, sur un air populaire: «Avec des amis comme ça, nul besoin de se faire d'ennemis!»

Ainsi, on se croit aguerri, rompu à l'adversité, sanctum inexpugnable devant l'injustice des uns et des autres, la trahison des «copains d'abord», bref tout ce qui tend à éprouver l' "être jusque dans sa raison d'être »!

Ma première réaction fut, dans un vertige d'émotions ineffables, le souvenir de ce que me confiait Miron avoir la sienne, réaction, lorsqu'il constata son exclusion de l'anthologie réalisé par son «ami» Cotnam! Miron qui m'expliquait pourquoi il avait persisté à me vouloir publier à l'Hexagone, malgré les interventions véhémentes et acharnées de ses «compagnons d'édition»,: «Écoute mon Lucien, en ce qui me concerne t'es plus original, novateur que ton chum ... en fait t'es ce qu'on appelle un poète maudit puisque rejeté par tes pairs. Mais t'es le véritable poète de la continentalité nord-américaine, le «maudit» poète de la l'américanité francophone...hein, mon vieux...ha!ha!ha! C'est bon ça! hein! mon vieux!» Et se démanchant la mâchoire à gauche, à droite, me regardait droit dans les yeux avec cette affection envahissante jusqu'au tréfonds de l'être! De cela l'ami Girardin m'est témoin irrémissible! Et je me souviens d'une longue marche dans Paris, nous entrainant tard le soir dans un café ringard du 9e, lui m'expliquant combien le parcours allait être parfois ardu, rempli d'intrigues, de trahisons et de déceptions multiples. Mais de toujours me souvenir qu'il avait cru en moi poète dès la lecture du premier poème de «Minibrixes réactés»... Et cela me suffit et me suffit encore! Tout comme me suffit la considération d'innombrables écrivains, chanteurs et artistes d'ici et d'ailleurs, qui ne comprendront ni n'accepteront pas cette injustifiable exclusion,-- y compris mon amie Diane Dufresne!

Et c'est pourquoi Bruno Roy, une fois tristesse insondable et colère incommensurable épuisées, je me suis promptement ressouvenu de Miron puis ai tourné la page sur cette «sale histoire», cette scélératesse...

Et sachant ce que la vie est capable d'exiger en guise de rétributions, je me dit qu'il fait bon être du côté de la vérité, de la justice et de l'intégrité intellectuelle! J'aurais pu t'invectiver à la manière de Breton, mais j'ai pensé à ta compagne comme à la mienne, à tes filles comme à la mienne, ainsi qu'aux camarades disparus, et je me suis dit que je ne pouvais succomber à la vindicte ne serait-ce qu'en guise de respect pour leur mémoire, autant vive que permanente!

Mais, malgré tout,
en rockeur sanctifié que je suis
je te plains sérieusement et te dis:

À bon entendeur, salut!

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